THE NIGHT WATCH voir cette page en ENG/FR/NL

Avril - Décembre 2023

The Merode:
19.04, soirée de performance
Lyl:
26.04/12.07, émissions de radio de nuit

Société:
07.09/10.09 + 02.10/08.10 + sur rdv, exposition
 

Dans le contexte de
Art Brussels VIP

Brussels Gallery Weekend OFF

Brussels Drawing Week

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Quand la nuit tombe s’ouvrent les promesses d’un imaginaire infini alors même que tout est sombre. Sommeil, repos, rêve, somnolence, somnambulisme, ces états sont autant d’explorations de l’espace-temps nocturne propices à la créativité, fut-elle inconsciente. Tel n’est pas le cas de l’insomnie, impuissance de l’esprit sur lequel l’homme n’a aucune prise efficace, ou comme l’écrit l’auteure Marie Darrieussecq, ‘rien n’empêche l’insomniaque de ne pas dormir‘. Thème littéraire écumé pour son potentiel fantasmatique de création infinie, l’insomnie est un mal conséquent à la société de la fatigue décrite par le théoricien Byung-Chul Han, société où la performativité insatiable existe bien au-delà de la limite diurne. Tout comme La Ronde de nuit peinte en 1642 par Rembrandt est en réalité une scène de jour que l’on attribue à la nuit, l’insomnie contemporaine est l’intrusion des mécanismes du jour dans la nuit. Depuis la domestication de l’électricité au XIXème siècle, le rythme circadien n’est plus que relatif. Aujourd’hui la pollution lumineuse est une des raisons qui mènent le corps à résister au repos dont il a besoin, aux côtés de la peur inconsciente de la mort ou du parasitage des pensées. L’exposition permanente à la sphère digitale et la libéralisation extrême du travail empêchent bien souvent de dormir.

Prenant l’insomnie comme condition de la création artistique, ‘The Night Watch’ est un cycle de créations radiophoniques proposé par Els Vermang de Société. Dix artistes et théoriciens sélectionnés par la curatrice Claire Contamine sont invités à exposer leur univers comme échappatoire à cet état physiologique dans une émission diffusée sur Lyl Radio, au beau milieu de la nuit.

Sans vouloir ajouter du contenu à un espace digital (et mental) qui en est déjà saturé, ‘The Night Watch’ offre la possibilité de conjurer le sort de l’agitation mentale en la laissant au soin de l’art, qui a le pouvoir de toucher même lorsque l’on ne s’y attend pas. Par des formats variés d’entretiens, de playlists, de créations sonores, de fictions, ce programme est pensée comme une exposition auditive se construisant semaine après semaine tel un traitement curatif dont les résultats se mesurent dans le temps. L’espace-temps radiophonique, immatériel et infini, est alors exploré comme un outil propice à l’expérimentation curatoriale. ‘The Night Watch’ permet aussi aux artistes de se réapproprier la liberté et l’inconnu que permet la nuit, de générer des images mentales à un moment où l’esprit ne doit plus être confronté à la surproduction visuelle de notre monde mais bien à sa chambre noire à soi.